Dimanche, 26 avril 2020Colin Manoha professeur de Qi Gong et Taiji Quan
Bonjour Colin Manoha,
Vous êtes professeur de Qi Gong et Taiji Quan, vous êtes également titulaire du Diplôme National d’Acupuncteur Traditionnel (DNAT). Comment, à travers votre parcours, définiriez-vous le Qi Gong ? Les questions simples sont parfois plus difficiles qu’il n’y parait… Gong signifie : maîtrise acquise après de longs efforts, Qi signifie : souffle, énergie, souffle vital. On pourrait donc traduire Qi Gong par : exercices de souffle permettant la maîtrise de l’énergie. Quels bénéfices a-t-on d’une pratique régulière de Qi Gong ? Pourquoi pratiquer le Qi Gong ?
Les bénéfices ? Ils sont innombrables … mais traditionnellement, on pratique sans attendre de bénéfices, on se laisse guider par le plaisir de la pratique. Pour faire court : le Qi Gong est une pratique anti-stress, elle permet de retrouver le calme intérieur. Comme c’est une pratique où corps et esprit sont pensés ensemble, on relâche les deux à la fois. Lorsque l’esprit est détendu, chaque organe peut faire sa fonction correctement, le sang est de meilleure qualité, il circule mieux et amène à chaque partie du corps un potentiel renouvelé. En Chine il existe une notion très importante qui s’appelle Yang Sheng et qui sous-tend de multiples aspects de la culture chinoise. Yang Sheng veut dire : Nourrir la Vie. Les Chinois ont toujours eu à cœur de faire attention à leur potentiel vital et à le chérir. Le Qi Gong est une pratique Yang Sheng, il permet de favoriser la Vie en nous. Peut-on voir dans le Qi Gong aussi une pratique spirituelle ? Bien évidemment. Si on s’en tient au mot : « spirituel » veut dire « qui concerne l’esprit ». Lorsqu’on débute une séance de Qi gong, la première chose que l’on fait, c’est se tenir immobile, sans rien faire, lors d’un instant suspendu. L’esprit revient en sa demeure. On se calme. C’est le premier geste du travail spirituel : revenir à soi, dans la douceur et le calme. Tout est là. Peut-on pratiquer le Qi Gong avec des déficiences mentales ou un handicap physique ? C’est une question délicate. La réponse est oui, mais des ajustements sont nécessaires, et cela dépendra de la personne que l’on a en face de soi. J’ai personnellement pratiqué avec un groupe de personnes atteintes d’Alzheimer, et c’était très beau. Toutefois chaque élève avait besoin de beaucoup plus d’attention que pour un groupe sans handicap. Les petits groupes, voire des cours individuels sont à privilégier. Un de mes élèves est engagé dans une relation thérapeutique de ce genre avec une élève et ils en retirent tout deux des bienfaits. De quelles façons avez-vous découvert le Qi Gong et Taiji Quan ? En réalité, j’ai commencé par la méditation. A 27 ans, je finissais mes études d’anthropologie à Paris. J’avais beaucoup lu, mais rien résolu. Je trainais encore les traumas de mon enfance qui me sapaient par le fond. J’étais mélancolique, souvent triste et désabusé, je ne me retrouvais nulle part. Un jour, j’ai cru toucher le fond. J’ai alors commencé une psychanalyse, puis j’ai acheté mon premier livre : méditer au quotidien. Seul dans ma chambre, j’ai commencé à m’asseoir. S’est alors forgée en moi la volonté d’aller plus loin dans cette direction plutôt mystérieuse. J’y suis alors allé à fond. Je suis parti à Katmandou rencontrer les bouddhistes tibétains, puis je suis revenu à mon lieu de naissance, où comme par hasard avait poussé un centre zen. Je m’y suis rendu pour un mois… et j’y suis resté 10 ans ! Lorsque j’ai commencé le travail en assise méditative, j’ai tout de suite voulu l’accompagner d’un travail corporel. C’est ainsi que j’ai commencé Qi Gong et Taiji Quan. Puis, lors de mon premier voyage en Chine, au premier mouvement exécuté avec le Maître, j’ai été rempli d’une telle félicité ! J’étais devenu un fou du Qi Gong. En quoi les pratiques du Qi Gong, Taiji Quan et méditations sont-elles des éléments importants dans votre vie ? Méditation, Qi Gong et Taiji Quan m’ont transformé. Je suis devenu un autre homme. Depuis, je continue dans la Voie car bien des fois j’ai repoussé des limites que je ne devinais pas, et il y en a d’autres… la Voie n’a pas de fin. A quel moment avez-vous su que vous en feriez votre métier ? Je ne l’ai jamais su ! Lorsqu’on m’a demandé d’enseigner, j’ai d’abord refusé. Mais la personne a été si insistante que j’ai finalement accepté, et voilà où nous en sommes. Vous avez voyagé, rencontré de grands professeurs et maîtres dans ce domaine, qu’est-ce qui vous touche le plus à chacune de ces rencontres ? Les Maîtres que j’ai rencontré sont dans mon cœur. Lorsque je pratique, ils sont quelque part avec moi. Je les imagines me gronder, me regarder sévèrement et je fais de mon mieux. Un Maître ne transmets pas un contenu, il transmets une impression. Dans les cours que vous proposez, il y a aussi un moment important, celui de la méditation. Vos élèves ont la possibilité de pratiquer en groupe le zazen. Pourriez-vous nous en parler plus précisément ? Quel rôle a cette méditation, y a-t-il des techniques ? Finalement pourquoi inclure la méditation ? La méditation : j’hésite souvent à en parler des heures ou à ne pas en parler du tout… qu’elle est la meilleure option ? Nous avons trop souvent tendance à croire que nous sommes notre conscience. Mais en réalité nous sommes quelque chose de beaucoup plus vaste et plus beau. « Cela » se révèle dans le silence. Un de vos cours commence par le zazen, poursuit par le Qi Gong et finit par le Taiji Quan. Pourquoi dans cet ordre ? Afin de décrire une progression douce de l’immobilité jusqu’au mouvement. Le Zazen se poursuit dans le Qi Gong, le Qi Gong se poursuit dans le Taiji Quan. Y a-t-il des ingrédients pour qu’un cours soit « réussi » ? L’ouverture du cœur. Avez-vous des projets professionnels ? J’ai des rêves… nous verrons s’ils se réalisent… Chaque patient qui ressort avec une amélioration de son état, chaque élève qui repart avec une sensation de plénitude après une séance de Qi Gong ou de Taiji réalise mon projet professionnel. Nous accomplissons cela ensemble. Je vous remercie pour cette interview qui m’aura permis, encore une fois, de prendre du recul et regarder pendant un instant le cours de ma Vie vue de haut. Merci Colin pour cet entretien. Vous proposez des cours à Valence (Drôme), à Privas et Saint-Laurent-du-Pape (Ardèche). On peut également vous contacter pour des séances d’acupuncture. Tous les renseignements sont sur votre site internet qigongvalence. Commentaires
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